Le Comité pour la Justice (CFJ) a condamné la récente campagne d’arrestations visant les membres du mouvement Ennahda et d’autres figures politiques de divers horizons en Tunisie, qualifiant cela d’escalade dangereuse et sans précédent dans la vague de répression qui balaie le pays. Ces arrestations sont liées à des accusations de complot contre la sécurité de l’État dans une nouvelle affaire récemment ouverte par les autorités tunisiennes, soulevant des inquiétudes quant à la détérioration des conditions politiques et des droits de l’homme à l’approche des élections présidentielles.
Le CFJ estime que ces développements surviennent à un moment où les libertés publiques sont de plus en plus sous pression, et où l’espace politique se restreint en Tunisie, avec des craintes croissantes que les autorités au pouvoir utilisent les agences judiciaires et de sécurité pour régler des comptes politiques.
Selon l’avocat des détenus, l’unité anti-terroriste de la Garde nationale a enquêté sur cinq individus, dont un membre du bureau exécutif d’Ennahda, sur des accusations de complot contre la sécurité de l’État. L’avocat a également indiqué que la campagne ne se limitait pas à ces individus, car elle impliquait l’arrestation d’au moins 80 personnes dans diverses régions du pays, soulignant une tendance croissante à étendre la répression.
Le CFJ considère ces arrestations comme étant liées aux tensions politiques croissantes avant les élections présidentielles, où les analyses suggèrent que l’autorité en place, dirigée par le président sortant Kais Saied, pourrait chercher à renforcer son emprise sur l’opposition politique et à empêcher toute alliance potentielle susceptible de menacer sérieusement ses chances lors des élections. L’une des principales préoccupations dans ce contexte est la possibilité d’une coopération entre le mouvement Ennahda et un candidat présidentiel contre le président Saied, ce qui pourrait mettre les autorités au pouvoir sur la défensive et accroître leur volonté d’intensifier les mesures de sécurité et de répression pour empêcher toute coordination de l’opposition.
Le comité note que ces développements font partie d’une campagne plus large menée par les autorités tunisiennes, ciblant spécifiquement le mouvement Ennahda, alors que des dizaines de membres du mouvement ont été arrêtés récemment, selon des déclarations du porte-parole du mouvement. Il a confirmé que ces actions ne font qu’aggraver la situation du pays et creuser le fossé entre le gouvernement et le public. Il a également souligné que bon nombre des détenus sont des retraités et des personnes âgées de plus de soixante ans, soulignant que ces arrestations n’ont aucune justification légale ou éthique et visent à affaiblir la capacité de l’opposition à s’organiser et à participer à des activités politiques pacifiques.
Le CFJ pense également que ces arrestations ne sont pas de simples mesures de sécurité temporaires, mais reflètent une stratégie plus large poursuivie par les autorités tunisiennes pour imposer leur contrôle sur la scène politique et empêcher tout défi sérieux à leur pouvoir. Le comité affirme que l’utilisation des accusations de terrorisme et de complot contre la sécurité de l’État comme prétexte pour détenir des opposants politiques et des défenseurs des droits de l’homme constitue une violation grave de la loi et une atteinte flagrante aux droits et libertés fondamentales garanties par la constitution tunisienne et le droit international.
Dans ce contexte, le CFJ souligne que ces arrestations s’inscrivent dans une répression systématique en cours en Tunisie, où la suppression de l’espace civil, les arrestations arbitraires et la diabolisation des opposants sont devenus l’approche dominante pour traiter ceux qui s’opposent aux autorités. Cette approche répressive contraste fortement avec les aspirations du peuple tunisien à la liberté et à la démocratie, qui étaient parmi les réalisations les plus importantes de la révolution tunisienne.
Le CFJ dénonce cette campagne répressive menée par les autorités tunisiennes et appelle à la cessation immédiate de toutes les mesures arbitraires et arrestations contre les opposants et les défenseurs des droits de l’homme. Le comité souligne également la nécessité de libérer immédiatement tous les détenus politiques et d’opinion, y compris ceux arrêtés lors de la récente campagne.
En outre, le CFJ exhorte les autorités tunisiennes à rouvrir l’espace civil et politique dans le pays, à fournir un environnement sûr pour les défenseurs des droits de l’homme et à garantir leurs libertés fondamentales. La poursuite de cette campagne répressive ne fera qu’étouffer les libertés naissantes en Tunisie et renforcer un climat de peur et de répression qui menace l’avenir démocratique du pays. Cette détérioration dangereuse appelle à une action sérieuse de la part de la communauté internationale et des forces démocratiques en Tunisie pour stopper ce déclin.
En conclusion, le CFJ avertit que la Tunisie, autrefois un phare de libertés dans la région après la révolution de 2011, est désormais confrontée à une menace réelle pour son avenir démocratique. La poursuite de ces politiques répressives ne fera qu’aggraver la crise politique et sociale, nécessitant que toutes les forces actives en Tunisie s’unissent contre cette tendance autoritaire et poussent à des réformes politiques réelles pour remettre le pays sur la voie démocratique qui lui est due.