Dans le cadre de sa surveillance continue des élections présidentielles tunisiennes de 2024, le Comité pour la Justice (CFJ) a publié son rapport hebdomadaire couvrant la période du 13 au 19 septembre 2024. Ce rapport fournit un aperçu des développements récents, y compris des violations des droits de l’homme et des violations légales, ainsi que des défis auxquels sont confrontés les candidats et des actions des autorités affectant l’intégrité du processus électoral.
– Mouvements populaires pour défendre les acquis de la «Révolution du Jasmin»:
Le 13 septembre 2024, la Tunisie a été témoin d’une grande marche populaire organisée par le Réseau Tunisien pour les Droits et les Libertés. La manifestation a condamné les tentatives des autorités politiques de restreindre les libertés publiques et les droits acquis depuis la Révolution du 17 décembre. Les manifestants ont exprimé leurs préoccupations face au recul des libertés civiles et politiques, ainsi que face aux violations économiques et sociales. Ces protestations surviennent dans un contexte de tensions politiques et sociales croissantes à l’approche de l’élection présidentielle.
– Avertissements concernant la gestion des contenus médiatiques:
Le même jour, le Syndicat National des Journalistes Tunisiens a émis un avertissement concernant l’existence d’une salle secrète contrôlant les contenus médiatiques de manière propagandiste servant des intérêts politiques. Le syndicat a qualifié cela de violation flagrante des principes du journalisme indépendant et de l’éthique professionnelle. Cela fait suite à un reportage diffusé sur la Radio Nationale Tunisienne, accusé de glorifier l’agenda du Président Kais Saied. Plusieurs journalistes ont exprimé leur rejet des pressions exercées sur eux pour transmettre des messages favorables au président.
– Violations continues et verdict contre le candidat Ayachi Zammel:
Le candidat à la présidentielle Ayachi Zammel, emprisonné depuis un certain temps, a publié un message sur Facebook le 14 septembre 2024, exprimant sa frustration de se voir empêché de lancer sa campagne électorale. Le 18 septembre, Zammel a annoncé qu’il boycotterait les enquêtes en cours le concernant, évoquant une répression continue et des procès politiques l’empêchant d’exercer ses droits électoraux. Dans le même contexte, le Tribunal de Première Instance de Jendouba l’a condamné à un an et huit mois de prison dans une affaire de falsification de parrainages.
– Mouvements et déclarations des candidats exclus:
Après que le Tribunal Administratif a accepté les appels de certains candidats exclus de la présidentielle, dont Mondher Zenaidi, la pression a augmenté sur l’autorité électorale pour qu’elle applique les décisions de justice et inclue ces candidats dans la liste finale. Plusieurs politiciens et activistes, dont le directeur de campagne d’Abdelatif Mekki, ont averti que le refus de la commission électorale de se conformer aux décisions de justice pourrait compromettre la légitimité et l’intégrité des élections.
– Accusations de falsification contre Qais Saied:
Le 17 septembre 2024, la branche de Mahdia de la Ligue Tunisienne des Droits de l’Homme a reçu une plainte alléguant que des parrainages pour le Président Qais Saied avaient été falsifiés. Selon la plainte, un des partisans du président aurait utilisé les données personnelles d’un groupe de citoyens pour parrainer Saied à leur insu. Une enquête a été ouverte, mais jusqu’à présent, les plaignants n’ont pas été entendus, ce qui soulève des questions sur le sérieux de l’enquête.
– Plainte pénale contre le président de la commission électorale:
Le 16 septembre 2024, l’organisation “I Watch” a déposé une plainte pénale contre le président de la commission électorale, Farouk Bouaskar. La plainte concerne le non-respect par la commission des décisions de justice émises par le Tribunal Administratif, ordonnant l’inclusion de trois candidats supplémentaires sur la liste électorale finale. L’organisation a appelé à une enquête immédiate sur ces violations, qui portent atteinte à la crédibilité du processus électoral.
– Contestation des limites de dépenses de campagne:
Le comité juridique de la campagne du candidat Zouhair Maghzaoui a annoncé avoir déposé un recours contre le décret gouvernemental fixant un plafond aux dépenses de campagne. Cette action en justice s’inscrit dans un effort plus large visant à contester la légitimité de certaines décisions administratives liées au processus électoral, arguant qu’elles dépassent les limites de l’autorité.
– Critiques du Président Qais Saied à l’encontre des manifestants et limogeage de responsables:
Dans une déclaration publiée le 19 septembre 2024, le Président sortant Qais Saied a vivement critiqué les manifestants opposés à ses politiques, les qualifiant de « porte-voix payés ». Il a également décidé de limoger la Présidente et Directrice Générale de la Télévision Tunisienne, Awatef Dali, en nommant Chokri Ben Naceur pour la remplacer. Cette décision surprenante intervient dans un contexte de controverse croissante sur l’indépendance des médias dans le pays.