Committee for Justice (CFJ)
Genève – décembre 2025
Genève – décembre 2025
Dans un contexte de transformations rapides du paysage des droits humains dans la région – marqué par la réduction de l’espace civique et par des changements constants dans les modalités et les priorités de financement du travail en faveur des droits humains – le Committee for Justice (CFJ), comme de nombreuses organisations indépendantes de défense des droits humains, est confronté à une série de défis croissants. Ces défis ont affecté sa capacité à maintenir certains programmes et projets dans leur format initial, et ont rendu nécessaire une réévaluation de ses priorités stratégiques afin de préserver la continuité de son travail central en matière de documentation, de reddition de comptes et de soutien aux victimes.
Dans ce contexte, le CFJ a été contraint de fermer ou de suspendre plusieurs projets menés ces dernières années, parmi lesquels son projet sur les droits des travailleurs et les conditions de travail en Égypte. Ce projet a joué un rôle important dans la documentation des violations commises à l’encontre des travailleurs et des travailleuses, en particulier dans des environnements marqués par une forte précarité et un haut niveau de répression. La décision de l’interrompre, dans sa forme précédente, résulte de plusieurs facteurs interdépendants, notamment :
- le durcissement de l’espace juridique et opérationnel pour le travail indépendant de défense des droits humains en Égypte et dans la région ;
- des préoccupations liées à la sécurité et à la protection des partenaires, des bénéficiaires et des équipes de terrain ;
- l’évolution des priorités de certains bailleurs, qui a entraîné des déficits de financement et imposé une redistribution difficile de ressources limitées ;
- la nécessité de concentrer les efforts sur d’autres axes stratégiques, tels que la documentation globale des violations graves et le travail renforcé avec les mécanismes africains et onusiens de reddition de comptes.
À cet égard, le Committee for Justice souhaite souligner les points suivants :
- La fermeture ou la suspension d’un projet ne signifie pas l’abandon de la cause qu’il porte. Il s’agit d’une réorganisation des ressources et des capacités. Le CFJ s’efforcera de préserver, chaque fois que possible, des composantes essentielles de recherche et de documentation au sein de ses dossiers prioritaires, y compris ceux relatifs aux droits économiques et sociaux et à la situation des travailleurs et des formes de travail précaires.
- L’ensemble des informations et des données recueillies dans le cadre du projet sur les droits des travailleurs en Égypte demeure une partie intégrante de la base de connaissances du CFJ. Ces matériaux continueront d’alimenter les rapports, analyses juridiques, interventions de plaidoyer et soumissions aux mécanismes internationaux et régionaux, lorsque les conditions le permettent et dans le plein respect de la sécurité des victimes, des témoins et des sources.
- Dans les limites imposées par les contraintes sécuritaires et les ressources disponibles, le CFJ continuera d’intégrer les questions liées aux travailleurs et aux droits économiques et sociaux dans son travail plus large, notamment à travers :
- le suivi et la documentation continus via ses plateformes et outils ;
- des mémorandums juridiques et rapports adressés aux mécanismes des Nations Unies et aux mécanismes africains ;
- des actions de plaidoyer menées avec des partenaires locaux, régionaux et internationaux.
- Les pressions financières, administratives et sécuritaires auxquelles sont confrontées les organisations indépendantes de défense des droits humains ne sont pas un problème interne isolé. Elles font partie d’une offensive plus large contre les droits humains dans la région, visant à assécher les sources de soutien de la société civile et à affaiblir sa capacité à poursuivre son travail – en particulier dans des domaines sensibles tels que les droits des travailleurs, les droits économiques et les libertés publiques.
Parallèlement, le Committee for Justice travaille à :
- élaborer une stratégie à moyen terme pour restructurer ses programmes de manière à préserver le cœur de son action en matière de documentation et de reddition de comptes, tout en maintenant – autant que possible – une approche intégrée liant droits civils et politiques d’une part, et droits économiques et sociaux d’autre part ;
- explorer de nouveaux partenariats et coalitions susceptibles de permettre, à l’avenir, la reprise ou le redéploiement de certaines composantes affectées, dans le respect de l’indépendance, de la transparence et de l’approche fondée sur les droits humains du CFJ ;
- poursuivre un plaidoyer public actif sur l’impact de la répression visant les organisations de défense des droits humains, ainsi que sur les effets des changements de priorités de financement sur la protection des victimes et des groupes les plus marginalisés.
En partageant ces éléments avec ses partenaires et l’opinion publique, le Committee for Justice :
- réaffirme son engagement de principe envers les victimes et les groupes marginalisés, y compris les travailleurs et travailleuses qui continuent de subir de graves violations en l’absence de recours nationaux effectifs ;
- souligne qu’il continuera, autant que possible dans le cadre des contraintes existantes, à maintenir les droits des travailleurs et les droits économiques et sociaux au cœur de son agenda de recherche, de documentation et de plaidoyer auprès des mécanismes internationaux et régionaux ;
- et appelle ses partenaires, soutiens et toutes les personnes et institutions concernées par la défense des droits humains à poursuivre et approfondir la solidarité et la coopération face à ces défis structurels, afin que la voix des victimes reste audible et que la lutte pour la justice et contre l’impunité puisse se poursuivre.



