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Gabès étouffe, le pouvoir détourne le regard

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Gabès étouffe. Depuis des décennies, ses habitants subissent les effets dévastateurs de la pollution industrielle provoquée par le Groupe chimique tunisien (GCT), installé au cœur d’une oasis jadis verdoyante et prospère. Les émanations toxiques, les eaux noircies et les terres stérilisées ont transformé cette région en zone de sacrifice, où respirer est devenu un acte dangereux.

Les récentes hospitalisations de dizaines de citoyens, victimes d’asphyxie à cause des émanations du complexe chimique, viennent rappeler l’ampleur de cette tragédie environnementale. Derrière ces symptômes se cache une politique d’État qui, au lieu de protéger la vie, choisit de la mettre en péril.

Une trahison des engagements publics

Depuis l’an 2000, le phosphogypse – résidu cancérigène issu de la production d’engrais – est classé parmi les matières dangereuses selon la réglementation tunisienne. En 2017, après des années de luttes citoyennes, un décret gouvernemental a enfin ordonné l’arrêt du déversement du phosphogypse dans la mer et le démantèlement progressif des unités polluantes du complexe chimique. Selon le calendrier officiel, la dernière unité devait être fermée fin 2024.
Mais huit ans plus tard, aucune mesure n’a été appliquée. Pire encore, en mars 2025, le président Kaïs Saïed a tenu une réunion avec la ministre de l’Industrie, suivie d’un conseil ministériel qui a retiré le phosphogypse de la liste des substances dangereuses — une décision incompréhensible, contraire à toute logique scientifique, juridique et humaine.

Une dérive autoritaire face à la colère citoyenne

Face à cette injustice, les habitants de Gabès ont repris la rue. Leurs manifestations pacifiques pour le droit à un environnement sain ont été violemment réprimées. Les forces de sécurité ont fait usage d’un niveau disproportionné de violence, allant jusqu’à viser directement un jeune manifestant à l’œil avec une cartouche de gaz lacrymogène, le mutilant à vie.
Cette approche sécuritaire traduit la panique d’un pouvoir incapable d’entendre la douleur d’un peuple, et qui répond à la légitime revendication du droit à la vie par des tirs et des mensonges.

Une catastrophe écologique et humaine

Le cas de Gabès illustre le coût mortel de la politique industrielle actuelle : produire toujours plus d’engrais, au prix du sacrifice des corps et des écosystèmes. Les rapports scientifiques sont sans appel : émissions toxiques de dioxyde de soufre et d’ammoniac, contamination des sols et des nappes phréatiques par le plomb et l’arsenic, hausse alarmante des cancers et malformations congénitales.
Ce désastre, loin d’être une fatalité, est le résultat d’un choix politique délibéré – celui de faire primer le profit et le silence et l’impunité sur la santé et la dignité humaines.

Un avertissement pour toute la région

Gabès est aujourd’hui le symbole d’un double effondrement : écologique et démocratique.
En sacrifiant la vérité, la vie et la justice sur l’autel du silence et de la peur, le pouvoir tunisien envoie un message alarmant à toute la région MENA : protéger l’environnement est devenu un acte de résistance.

Appel à la communauté internationale

Le Comité pour la Justice (CFJ) appelle la communauté internationale, les mécanismes onusiens des droits humains, et les organisations environnementales mondiales à agir d’urgence.
Il est impératif d’ouvrir une enquête internationale indépendante sur les atteintes graves au droit à la santé, à l’environnement et à la liberté de manifestation à Gabès.
Le silence des institutions internationales face à cette situation constituerait une complicité tacite dans une crise qui mêle écocide et répression d’État.

“L’environnement n’est pas un luxe ni un slogan politique. C’est un droit fondamental.
La répression des militants de Gabès est la répression de tout un peuple qui refuse d’être empoisonné.”
Comité pour la Justice (CFJ)

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