20 octobre 2025
Le Committee for Justice (CFJ) a organisé, le 20 octobre 2025, un atelier régional à l’intention de défenseur·e·s des droits humains originaires des pays d’Afrique du Nord et du Sahel , dans les locaux du CFJ à Banjul. Cet atelier s’est tenu en parallèle de l’ouverture de la 85ᵉ session ordinaire de la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples (CADHP), en utilisant la journée précédant l’ouverture officielle comme un espace de préparation et de rencontres parallèles de la société civile.
L’atelier visait à renforcer l’engagement des défenseur·e·s des droits humains auprès des mécanismes africains de protection des droits humains, et à approfondir leur compréhension des principaux traités et instruments régionaux pertinents – en particulier le Protocole à la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples relatif aux droits de la femme en Afrique (Protocole de Maputo) – ainsi que ses liens avec la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDEF). Il a également permis d’explorer les voies de recours devant la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples, notamment en discutant des implications juridiques et politiques du retrait par la Tunisie de sa déclaration au titre de l’article 34(6) concernant l’accès direct des individus et des ONG à la Cour. L’atelier a, en outre, cherché à renforcer la coopération pratique avec les Procédures spéciales des Nations Unies, en particulier avec le Groupe de travail sur les disparitions forcées ou involontaires (GTDFI).
L’atelier a offert aux participant·e·s un pont concret entre les discussions conceptuelles et les travaux de la 85ᵉ session de la CADHP. Il a comporté une présentation détaillée sur l’utilisation pratique des mécanismes de la Commission, notamment : les communications individuelles et collectives, les pétitions, les appels urgents adressés aux rapporteurs spéciaux, ainsi que le suivi systématique des observations finales, recommandations et décisions de la Commission. Une partie des échanges a été consacrée au partage d’expériences sur la préparation des interventions orales lors des sessions publiques, et à la coordination entre les organisations présentes à Banjul afin d’harmoniser les messages clés adressés à la CADHP et à d’autres organes de l’Union africaine, tels que la Commission de l’UA, le Conseil économique, social et culturel (ECOSOCC) et le Mécanisme africain d’évaluation par les pairs (MAEP).
Le programme de l’atelier s’articulait autour de quatre sessions principales :
- les traités africains relatifs au genre et à la violence basée sur le genre, avec un accent particulier sur le Protocole de Maputo, les obligations des États et les pistes possibles de plaidoyer ;
- les voies de contentieux devant la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples, y compris des expériences provenant d’Afrique du Nord, et un échange sur l’impact juridique et politique des retraits de la compétence de la Cour pour les requêtes individuelles et d’ONG ;
- le travail avec la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples à travers les appels urgents, le suivi des observations finales, l’engagement avec les rapporteurs spéciaux, et les moyens de capitaliser sur la présence des délégations à Banjul pour produire un impact durable après la session ;
- un échange ouvert avec le Groupe de travail sur les disparitions forcées ou involontaires (GTDFI) sur les moyens d’articuler son mandat avec le travail de la société civile en Afrique du Nord et au Sahel, y compris les possibilités d’activer des visites de pays et des rapports thématiques.
Tout au long des sessions, les participant·e·s ont discuté des défis communs auxquels font face les défenseur·e·s des droits humains dans la région du Sahel et d’Afrique du Nord, notamment : la fermeture progressive de l’espace civique, la persistance de schémas de discrimination et de violence basée sur le genre, l’accès limité à la justice et aux recours efficaces, ainsi que les obstacles pratiques à l’utilisation effective des mécanismes de l’Union africaine. Ils et elles ont également travaillé à l’élaboration d’approches régionales communes visant à :
- renforcer la coopération transfrontalière en matière de documentation et de plaidoyer ;
- développer des stratégies de contentieux devant la CADHP et la Cour africaine ;
- concevoir des plans concrets de suivi de la mise en œuvre des recommandations et décisions de la CADHP au niveau national, tout en reliant ces efforts au plaidoyer mené auprès de l’Union africaine et des Nations Unies.
Le Committee for Justice adresse ses remerciements les plus sincères à l’organisation ISLA, et en particulier à la formatrice et collègue Nerima Were, ainsi qu’à l’avocat international Ikechukwu Uzoma de l’organisation Robert F. Kennedy Human Rights (RFK), pour leurs contributions précieuses et le partage de leurs expériences pratiques en matière d’engagement avec les mécanismes régionaux. Le CFJ exprime également sa profonde gratitude à Aua Baldé et Ana Lorena Delgadillo Pérez du Groupe de travail des Nations Unies sur les disparitions forcées ou involontaires (GTDFI), en reconnaissance de leur engagement constant, de leurs efforts considérables et de la richesse de leurs interventions durant l’atelier – en particulier sur les moyens d’articuler le mandat du Groupe avec les procédures de la CADHP.
Le CFJ affirme que cet atelier représente une nouvelle étape dans la construction de réseaux régionaux plus solides entre les défenseur·e·s des droits humains au Sahel et en Afrique du Nord, contribuant à renforcer les efforts en faveur de la justice, de la reddition de comptes et de la lutte contre l’impunité à travers le continent africain, et à promouvoir l’utilisation effective des mécanismes africains et onusiens pour répondre aux violations graves des droits humains et transformer les discussions menées à Banjul en actions concrètes et durables.