Des experts de l’ONU chargés des droits de l’homme ont condamné l’exécution de dix personnes au moins, dont des femmes et des enfants, par des forces maliennes et des soldats russes soupçonnés d’être affiliés au groupe Wagner, lors d’une opération militaire qui a eu lieu dans la zone de Dioura, dans la région de Mopti, entre le 2 et le 4 janvier 2025.
Dans un mémorandum des Nations Unies, les experts ont confirmé que les victimes se dirigeaient vers le camp de réfugiés de Mbera en Mauritanie à bord d’un véhicule tout-terrain lorsqu’elles ont été interceptées par une force mixte composée de troupes maliennes et de soldats russophones. Leurs corps ont été retrouvés brûlés près de la ville de Fatissouma, certains enterrés ou jetés dans un puits – ce qui semble être une tentative évidente de détruire les preuves.
Les experts onusiens ont indiqué que ces faits pourraient constituer de graves violations du droit international humanitaire et du droit international des droits de l’homme, notamment le droit à la vie consacré par le Pacte international relatif aux droits civils et politiques. Ils ont souligné que parmi les victimes figuraient des enfants, y compris un nourrisson âgé de moins de deux ans, ce qui aggrave considérablement la gravité de l’événement et suscite une vive condamnation internationale.
Le mémorandum a également attiré l’attention sur des efforts délibérés visant à détruire les preuves, tels que la crémation des cadavres, leur dissimulation dans des fosses ou leur enterrement dans des trous remplis de troncs d’arbres — des actes qui montrent clairement une volonté de cacher le crime et d’entraver toute enquête indépendante. Les experts ont décrit ce comportement comme une tentative intentionnelle d’effacer la vérité et de priver les familles des victimes de leur droit à connaître le sort réservé à leurs proches.
Les experts ont également fait état de rapports antérieurs indiquant que des éléments russes liés au groupe Wagner ont participé à des opérations militaires au Mali depuis 2022, opérations marquées par des violations répétées des droits humains, notamment des meurtres extrajudiciaires, des arrestations arbitraires et le déplacement forcé de civils – sans qu’aucune mesure sérieuse n’ait été prise pour tenir les responsables pour comptables.
Le mémorandum a relevé que l’absence de transparence quant à la nature des accords entre le gouvernement malien et les autorités russes, ainsi que le manque d’informations sur les mécanismes régissant les activités des soldats ou mercenaires russes, constituent une violation des obligations internationales que les États se doivent de respecter. Il a exprimé une profonde inquiétude face à l’impunité apparente de ces forces et son impact sur les garanties de justice et de responsabilité.
Les experts des Nations Unies ont appelé les autorités maliennes à ouvrir immédiatement une enquête indépendante, impartiale et transparente sur cet incident, conformément aux normes internationales, en particulier le Protocole du Minnesota relatif à l’enquête sur les décès potentiellement illégaux. Ils ont insisté sur le fait que toute enquête devrait être rapide, approfondie et menée sous la supervision d’une autorité judiciaire indépendante, garantissant ainsi aux victimes et à leurs familles un accès complet à la justice et une réparation intégrale.
Ils ont également demandé l’arrêt immédiat de l’implication de forces militaires étrangères — qu’elles soient régulières ou privées — dans les opérations militaires au Mali en l’absence d’une base juridique claire. Ils ont souligné que cette participation sans responsabilisation constitue une menace sérieuse pour les droits humains et l’état de droit.
Les experts ont exprimé une vive inquiétude face à l’escalade continue des violations dans les zones de conflit au Mali, touchant de plus en plus de civils, en particulier les femmes et les enfants. Ils ont mis en garde contre le risque accru de détérioration de la situation humanitaire, une souffrance accrue des populations civiles et un basculement du pays dans un cycle de violence et d’instabilité.
Enfin, les experts ont rappelé que le gouvernement malien doit respecter ses obligations internationales, prendre toutes les mesures nécessaires pour protéger les civils, assurer l’état de droit, tenir responsables ceux qui ont commis ces violations et s’efforcer activement d’empêcher la répétition de tels crimes à l’avenir.